Qui a décidé de sacrer la rose si épineuse «reine» des fleurs, tandis que l'églantier ne serait qu'un sauvage à éradiquer ? Qui a tranché entre la folâtre ipomée bleue et le simple liseron blanc ? Sans jardin, sans l'homme, il n'y aurait jamais eu de «mauvaises herbes». Elles ne sont pas discriminées par la classification botanique, mais par le jardinier qui a fait son tri pour ranger la nature. Entre les indomptables et les bien élevées, entre les belles et les laiderons. Gilles Clément a fait récemment l'éloge de certaines de ces «vagabondes». Raillant le rejet qu'elles suscitent, il politise d'emblée le propos : «Qu'allons-nous devenir si les étrangers occupent le terrain ?» (1).
Squatteuses. Le 12e Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire a décidé d'héberger cette année l'ivraie mise au banc des plates-bandes bien propres, toutes ces squatteuses de friches, lisières ou terrains vagues. Est-ce un exercice de démagogie pour une manifestation qui défriche chaque année un thème séducteur, comme l'érotisme l'an dernier ? (2) Devant la broussaille canaille, quelques tapis verts ont déjà été déroulés : le «Jardin en mouvement» de Gilles Clément, les «Jardins temporaires» de Berlin et du Havre. Ou les «Environnementales» de Jouy-en-Josas, où était implanté un massif piquant de chardons et d'orties soigneusement cultivés.
Mais ce qui reste excitant, à chaque fois, dans la vingtaine de parcelles-laboratoires du Festival de Chaumont, c'est que le sujet est d'abord pris au sérieux,