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Libération
Reportage

La Charente livre de Simenon

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L'écrivain, qui entre dans la Pléiade, a toujours affirmé sa fidélité à La Rochelle, sa «seconde patrie», largement évoquée dans son oeuvre. Promenade.
publié le 30 mai 2003 à 23h12

La Rochelle (Charente-Maritime)

envoyée spéciale

Pour que le voyage soit réussi, on laissera derrière soi les touristes anglais attablés aux terrasses et la ruée vers le bus de mer en direction du port des Minimes. Esplanade Saint-Jean d'Acre, on commencera par se mettre en condition. Prendre un livre du maître, le Testament Donadieu ou le Voyageur de la Toussaint et laisser faire les bruits et les odeurs qui avaient le pouvoir de déclencher chez lui l'écriture. Humer les fumets de poissons grillés, qui s'échappent des cuisines alentour. Ecouter le clapotis du large dans la ville.

La Rochelle, c'est un microclimat, une ambiance. Simenon en aimait les embruns, la mer, les ciels à la Vermeer et les intrigues planquées derrière les austères façades d'un pays protestant et secret. Il aimait les rues populeuses les jours de marché et la tour de la Grosse Horloge qui signale, il l'écrit lui-même, qu'on est à La Rochelle et nulle part ailleurs.

Premier serial killer. Près de l'aquarium, fierté de la ville, il existe un quai Simenon, inauguré en mars 1989. A Lausanne, de l'hôtel Beau Rivage, où il s'éteindra en septembre, l'écrivain s'est fendu d'un télégramme de remerciement à Michel Crépeau : «La Rochelle est ma seconde patrie et probablement la ville où j'ai vécu le plus longtemps (...).» Simple politesse faite à un élu ? Certainement pas. Georges Simenon n'a cessé d'affirmer son amour pour la Charente-Maritime qui forme le décor de nombre de ses romans. Dans l'un des plus célèbres,