Au fond, peu importe que le début de Matrix Reloaded (rechargé : comme un programme) soit raté et sa fin, confuse : l'immense fourre-tout porte assez de souvenirs visuels et d'angoisses modernes pour que son évaluation critique, selon des critères classiques, n'ait aucune importance. Il recycle d'abord, comme un herbier d'enfance, la mythologie populaire de science-fiction des quarante dernières années. Un zeste de 2001, une pincée d'Alien, un plan de Terminator, un petit coup de Blade Runner, une envolée de Superman, quelques planches de comics, on trouve un peu de tout dans cette virtuelle samaritaine. On y trouve aussi du feuilleton. Comment mépriser Morpheus et ses sentences bouddhistes à la noix quand, adolescent, on a révéré Maître Po dans Kung Fu ? Il y a du «scarabée» en Neo, l'élève-dont-le-chemin-est-en-lui, et on imagine déjà la série du samedi que la télé pourra tirer de ses aventures cinématographiques. Il existe une vie du héros après la mort du film, une vie télévisuelle quotidienne et dégradée : il est condamné à y dupliquer sa geste, à la rejouer à petit budget dans une quotidienne éternité. Pourquoi mépriser cet enfer doux ? Les produits audiovisuels sont, comme les jeux vidéo, de moins en moins dérivés : ils font partie de l'oeuvre elle-même ; ils en sont les métastases ludiques. On retrouve le sosie feuilletonesque du héros avec plaisir, tendresse, tel un vieux pote de canapé continuant à diffuser son rêve à basse intensité. Le feuilleton entretient le mu
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