Menu
Libération

Le poster de la rédemption

Article réservé aux abonnés
publié le 9 juin 2003 à 23h19

La semaine avait commencé par un dîner chinois chez Pascal Houzelot, où Jack Lang, sur fond d'un disque électronique évoquant une lointaine fraise de dentiste à l'ouvrage, confirmait qu'il réfléchissait à une structure indépendante du PS, où il pourrait dès la rentrée commencer à rassembler ses amis. Mais d'Anne Fontaine à Gaspar Noé, que Jean-Karim avait surnommé «le poster de la rédemption» en référence à Irréversible, les invités ­ hormis la fille de Jacques Demy et John, jeune milliardaire de l'informatique en retraite anticipée qui sillonnait la planète aux commandes de son jet personnel et demandait à Jack : «And you, what is your job ?», suscitant l'horreur de Matthieu Orléan ­ semblaient obsédés par le sexe, la sexualité et les caractères sexuels primaires et secondaires. On essayait une première diversion, en demandant à Gaspar ce qu'il comptait faire des Polaroïd pris à la soirée de Harmony Korine chez Agnès b. et devant son indécision, on lui suggérait une expo-vente au profit des enfants riches dépressifs. Mais il préférait entretenir Michel Reilhac de ses derniers projets ­ «un film porno, et un autre sur la défonce» ­ et d'Alan Clarke (le fameux réalisateur de Scum) auquel, à l'en croire, Gus Van Sant aurait emprunté non seulement le sujet et le titre, mais aussi la mise en scène d'Elephant. Se pouvait-il qu'après le remake de Psycho, Gus se soit converti à l'idée que l'avenir du genre humain est le clonage ? On ne pouvait rêver mieux.

Le lendemain, Gerald Marie