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Libération
Critique

La casa de l'oncle Tom

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publié le 26 juin 2003 à 23h33

Pianiste japonais et compositeur pour le cinéma (Furyo de Nagisa Oshima où il est aussi acteur aux côtés de David Bowie, le Dernier Empereur et Little Buddha de Bertolucci...), Ryuichi Sakamoto offrait, l'an dernier, un sensible hommage au compositeur Antonio Carlos Jobim, en compagnie du couple brésilien formé par Jaques Morelenbaum (violoncelliste-arrangeur chouchou de Caetano Veloso) et sa femme, Paula. Casa, enregistré dans la maison de Jobim (appelée «le temple» par Morelenbaum), respirait l'essence même de l'oeuvre du poète brésilien, mort fin 1994. Sakamoto, également musicien de l'avant-garde new-yorkaise, déclarait, à la fin de cette première expérience, vouloir changer d'orientation musicale et refaire un disque techno (il créa dans son Japon natal le groupe Yellow Magic Orchestra, de filiation Kraftwerk) si l'ennui pointait.

Il revient donc avec ses compagnons de bossa dite classique, avec le bel objet de délicatesse qu'est le tout récent A Day in New York. Un subtil équilibre triangulaire au fil des onze compositions (de fait, huit nouvelles par rapport au précédent album, Sabiá, Samba do Avião et Fotografia jouissant d'une nouvelle prise rallentendo) se distille entre la profondeur romantique des touches en retenue du Japonais, les lignes de cordes langoureuses de Morelenbaum et la voix pastel clair de son épouse, chanteuse au sein même de la formation de «Tom» Jobim, la Nova Banda. Tout pour se laisser envoûter par ce versant érudit de la musique populaire brési