S'il existait un grand prix du groupe le moins sexy, Arab Strap serait un sérieux concurrent : deux Ecossais rougeauds jouant un rock lent presque amorphe. Amis d'enfance, Aidan Moffat, une sorte d'antichanteur au timbre pâteux comme une gueule de bois, et Malcolm Middleton ont décidé de s'associer en 1995 pour mettre en musique leurs histoires de bitures, d'ennui et de sexe avec les filles du quartier. Il s'ensuivra cinq albums, dont le petit dernier, Monday at the Hug and Pint, n'est pas forcément le meilleur (on conseillera plutôt The Red Thread) et une collaboration fructueuse avec l'excellente maison de disques indépendante Chemikal Underground sur lequel on trouve également Mogwai, Radar Brother ou The Delgados. En comparaison d'Arab Strap, leurs aînés dépressifs de Tindersticks ne sont que des joyeux lurons prétentieux. Mais chez ces deux losers impénitents, le pathétique confine au sublime. L'humour et la poésie tiennent la sinistrose à distance.
Parti pour rester culte à jamais on voit mal un groupe pareil décrocher un tube sur les ondes populaires, surtout hors d'Ecosse où leur argot est pratiquement incompréhensible Arab Strap vient régaler sa poignée de fans parisiens de deux concerts au moment où la plupart d'entre eux ont probablement quitté la capitale. Peut-on imaginer groupe plus décalé ? On livre cette déclaration d'Aidan Moffat à la réflexion de ceux qui sont encore à Paris : «En concert, quand je suis très saoul, il m'arrive de chanter mais quand je su