Pour Nina, femme taxi à Buenos Aires, la vie en Argentine est un mauvais scénario qu'elle décide de troquer contre un voyage en Patagonie. Elle finit par échouer à Pico Rio (et non Rio Pico), un village dont le seul lien avec la civilisation consiste en un visionnage quotidien des rebuts de films en noir et blanc d'un certain Edward Wexley, une star française oubliée (Jean Rochefort). Qu'importe que les bobines soient remontées dans le désordre par le projectionniste local, les villageois, nourris depuis leur plus tendre enfance par ces aventures absconses, n'ont foi qu'en ce héros mutilé et décousu. Le seul problème, c'est que le public, son critique de cinéma en tête, calque son comportement sur le montage des films, ce qui fait d'eux d'incurables dyslexiques et de véritables fous à lier.
Heureusement, le vent en emporte autant (et non le contraire), et Nina apprend peu à peu à apprécier ce petit monde burlesque qui témoigne d'une imagination créatrice libérée des stéréotypes qui ont cours dans l'univers du cinéma bien monté. L'arrivée messianique d'Edward Wexley conforte alors Pico Rio dans son délire et réveille le réformateur qui sommeillait dans le philosophe local : «Todo es relativo !» («Tout est relatif !»), «Todo es sexo !» («Tout est sexe !») et «Todo es igual» («Tout est égal !») sont les trois slogans progressistes qu'il décide d'aller vendre en grande pompe à la ville. Une manière de signifier que les théories révolutionnaires sont toujours issues d'un esprit qu