Pas vraiment le genre de doudou qu'on donnerait à ses mioches pour baver dessus. Trop trash, trop sex, pervers, mal foutus, agressifs, morbides, une nouvelle génération de poupées-peluches tordues veut ridiculiser les multinationales du jouet. Du cousu main, des exemplaires uniques. Leurs créateurs sont de jeunes trentenaires, webdesigner, graphiste, illustrateur, qui délaissent le monde virtuel de leur PC pour renouer avec des objets plus tangibles.
L'un des premiers webdesigners à manier l'aiguille, Kinya Hanada, alias Mumbleboy, s'amuse un jour de 1993 à tripatouiller un bout de fausse fourrure et modèle sa première peluche, sorte d'étoile de mer boiteuse. Il en simplifie la forme, jusqu'à l'abstraction, avant de décliner l'entité à l'infini. La «Mumble doll» est une sorte de doudou plat informe, aux couleurs vives et au regard oblique. Petits aliens ambigus, à la fois mignons et repoussants, fabriqués à partir de matériel de récup, de vieux T-shirts sur lesquels il trace la forme à main levée, avant de les assembler à la machine, de les fourrer et de les finir à la main en leur attribuant un numéro de série. «Je cherche à ce que chacune d'elle ait quelque chose d'unique, sans penser à leur donner un caractère, c'est à celui qui l'achète d'y projeter ses fantasmes.» En dix ans, il en a vendu près de 1 300.
«Des chattes et des queues». «J'aime les poupées de Mumbleboy, mais je crois qu'il leur manque quelque chose et pas seulement le truc entre les jambes», explique Boris Ho