Varèse, Schaeffer, Boulez, Risset, même combat ? Ces grands noms de la musique contemporaine, tous Français, ont construit des oeuvres en cloisonnant fortement leurs pratiques. Pierre Schaeffer, l'inventeur de la musique concrète, se méfiait de l'ordinateur ; Pierre Boulez, le père de l'Ircam et de la musique sérielle, méprisait les expérimentations informatiques d'un Jean-Claude Risset... Pourtant, tous ont contribué à l'histoire des musiques électroniques.
Site d'écoute. C'est le principal intérêt de «33 RPM», une exposition sonore à double facette, l'une, depuis le théâtre du SFMoma, le musée d'art contemporain de San Francisco, l'autre sur l'Internet, grâce au site malin et documenté qui en augmente l'écoute : malgré les querelles de chapelle, ces artistes sont les précurseurs des actuels musiciens du laptop (1). L'autre paradoxe, c'est d'aller chercher aux Etats-Unis ces «dix heures de son français», une première rétrospective éclairante sur les expérimentations sonores nées après-guerre en France...
Au SFMoma, l'art sonore est l'objet annuel de focus géographiques. Le Japon (par Atau Tanaka) ou l'Australie ont déjà été à l'honneur. «Il était inévitable que le SFMoma passe par la case France, en raison justement de l'importance historique de la musique concrète», affirme Laurent Daillet, musicien contemporain et curateur de «33 RPM» (un jeu de mots un peu forcé, entre 33 tours RPM : revolution per minute et indicateur téléphonique pour la France). Invité à présenter u