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Libération
Critique

Les temps modernes de Bowers

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publié le 12 septembre 2003 à 0h57

Une bonne base de Harold Lloyd (pour le burlesque mécanique) et une pincée de Tex Avery avant l'heure (pour l'univers du cartoon) : c'est l'étrange cocktail que propose l'archéologue du cinéma Serge Bromberg dans le nouveau DVD de sa collection «Retour de flamme». Soit les seize courts métrages ayant survécu de Charley Bowers (1889-1946), grande figure du muet tombée aux oubliettes. Un cas, ce Bowers. Grand conteur à la limite de la mythomanie, il affirmait être l'enfant d'une comtesse française, avoir été kidnappé à six ans par un directeur de cirque épaté par ses talents de funambule, avant de devenir jockey et dresseur de chevaux ! Il est avéré, en revanche, que Bowers fut un dessinateur de talent, et qu'il adapta plusieurs centaines de comic books pour le cinéma (Pim Pam Poum ou Mutt and Jeff, dont un épisode, daté de 1917, est présent sur le DVD). Dans les années 20, il brevète une nouvelle technique cinématographique pour mélanger prises de vues réelles et animation image par image. Grâce au «Bower Process», Charley l'agité (rebaptisé du pseudonyme repoussoir «Bricolo» en France) imagine un futur de l'humanité riche en machines aussi infernales que délirantes, où la peau de banane serait antidérapante et où les chats pousseraient dans les arbres ­ les surréalistes, André Breton en tête, seront de grands fans de son premier film sonore, It's a bird. Ces comédies ont moins bien vieilli que les courts métrages beaucoup plus aboutis de Buster Keaton. Elles valent surtout p