Plitvice (Croatie) envoyé spécial
On y accède par une petite route entortillée comme un serpentin sur laquelle les automobilistes croates jouent du klaxon et les touristes de la pédale de frein. La seule à relier la capitale Zagreb à la populaire côte dalmate. Un peu comme si rejoindre Cannes depuis Paris n'était plus possible que par une vieille départementale fatiguée. A mi-chemin, au coeur d'une profonde forêt de hêtres et d'érables, entre une plaine vert-sapin-de-Noël où se plairait à flemmarder la vache du chocolat Milka et une zone montagneuse plus escarpée, se cache le Parc national des lacs de Plitvice. Un motif d'orgueil national autant qu'une des principales attractions touristiques croates avec 5 000 visiteurs par jour et une inscription par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1979. La simple description du phénomène naturel qui attire autant de monde manque de poésie : seize lacs en gradins se jetant les uns dans les autres en enjambant des travertins d'algues et de mousses sédimentées comme le champagne dégringole d'une pyramide de verres en cristal. La balade est autrement plus bucolique.
Paradis des libellules. Encore faut-il se lever tôt. Huit heures, ouverture du parc. Pas un touriste en vue. Les autobus de Zagreb n'arriveront que dans une heure et demie. C'est le meilleur moment pour se perdre au paradis des libellules. Un éden moussu, inextricable labyrinthe de feuilles et d'eau où le grondement des cascades petites et grandes le dispute aux