Mine de rien, la collection des «Introuvables» prend l'allure d'une mini-DVDthèque idéale, où le goût d'un cinéma marginal voire déviant (les polars ultraviolents de Kenji Fukasaku, lire Libération du 11 juillet) n'exclut pas l'appétit pour des classiques oubliés et des films de genre mythiques. Avec des bonus parfois réduits, mais toujours pertinents. Trois nouveaux titres ancrent un peu plus la collection de l'éditeur Wild Side dans l'âge d'or hollywoodien des années 40-50, avec un mélodrame archicélèbre mais curieusement indisponible jusqu'alors en vidéo, et deux films noirs invisibles depuis longtemps en France.
Lettre d'une inconnue est le sommet de la brève carrière américaine de Max Ophuls, une adaptation subtile de la nouvelle mélodramatique de Stefan Zweig. Les bonus proposent deux interviews aussi précieuses que complémentaires. Quand Ulla de Colstoun, l'ancienne assistante du cinéaste, parle de Max Ophuls comme «le mouvement personnifié» («Sa manière de filmer ne pouvait donc pas être statique»), l'universitaire Noël Herpe identifie ce mouvement permanent de la caméra et des personnages comme «une méfiance vis-à-vis du langage», une manière d'«exprimer la vérité intérieure des êtres» sans passer par le dialogue.
Moins romantique, Body and Soul, de Robert Rossen (titre français : Sang et or), permet de retrouver John Garfield dans un rôle de boxeur corrompu. Le film porte les préoccupations sociales de son scénariste Abraham Polonsky (1) auquel les bonus rendent un j