La salle de bains est un lieu de contradictions. Celle de la rapide douche matinale et du long bain voluptueux. «(...) Je m'ennuie la plupart du temps... un peu comme dans un bain moussant», écrit Philippe Djian. A l'inverse, elle est aussi la boîte du corps malade avec son placard à pharmacie. Des images de films hantent ce lieu du crime, de Psychose d'Alfred Hitchcock aux Diaboliques de Henri-Georges Clouzot. Car c'est toujours la pièce du secret, celle où l'on cache le linge sale et tout l'inavouable.
Fusions. La salle de bains semble aujourd'hui sortir de cette relégation. Salons de design, expositions, hôtels expérimentaux la mettent en scène, transparente, comme une pièce à vivre qui ne serait plus dissimulée. Elle devient une plate-forme mobile, lieu de passage qui fusionne avec la chambre, le couloir.
Dans son histoire (lire page suivante) la «salle d'eau» a oscillé en permanence entre libertinage et pudibonderie hygiéniste, débouchant tantôt sur le salon falbala, tantôt sur le laboratoire clinique. En 2003, cette sphère de l'intime semble passer au mélangeur ces deux versants. Au Salon maison et objet à Paris Annie Ziliani, tête chercheuse de la société d'études Novale Next, expliquait comment «la salle de bains obéit aujourd'hui à deux évolutions. Elle est d'abord le lieu de la reconstruction efficace du capital santé, qui reflète toute la maison. C'est la bulle où l'on souffle, où l'on échappe à la famille. Il s'y exerce de nouvelles alchimies où lumières, couleurs,