En Europe, l'anticastrisme devient une mode à gauche. Il était temps. A force de tout supporter ou de se taire à propos du vieillard tropico-insulaire, beaucoup risquaient de n'avoir à le critiquer qu'après sa mort ce qui est toujours trop tard. Lundi, au théâtre du Rond-Point, une manifestation culturelle et politique organisée par Reporters sans frontières et l'association Sin Visa, une sorte de Cubathon chic, confirme cette volte du vent que des marins avisés avaient flairée depuis plusieurs mois. La salle est pleine. Des centaines de personnes sont sur liste d'attente. Elles n'entreront pas. Le filtrage est efficace. De l'autre côté de l'avenue Montaigne, une centaine d'idiots utiles et d'employés du dictateur manifestent en criant : «Fidel, tiens bon !» Il y a des faucilles, des marteaux, des CRS. Et ces petits prospectus roses où on lit la rengaine : «Cuba cible et victime de la terreur médiatique sans frontières (sachez que les Reporters sans frontières collaborent avec la CIA du régime Bush !).» Ils sont signés d'une association Suisse-Cuba dont le site Internet révèle l'enthousiasme progouvernemental. Autour, on rigole de ce spectacle kitsch. Petite vengeance de l'Histoire : les ringards, désormais, ce sont eux. A l'entrée du théâtre, on distribue de petits éventails en plastique sur lesquels est écrit : «Cuba si, Castro no !» Dans le public, beaucoup d'élégantes plus ou moins jeunes lancent leurs moues ravalées et leurs pupilles attrape-flashs. Jack Lang et Noël
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