Qu'est-ce qui hypnotise le plus : un clip en rotation sur MTV, ou une vidéo arty du musée d'Art moderne ? Un hit mondial hypermédiatisé, ou une séance d'enregistrement filmée à l'arraché dans un studio ? Qu'est-ce qui bouleverse le plus : un rap US calibré et surproduit par Eminem et Dr Dre ? Ou une improvisation sèche et sans musique, filmée par le célèbre artiste Steve McQueen ? Bref, doit-on opposer le clip blockbuster du rappeur 50 Cent, In Da Club, à la pièce de Steve McQueen, Girls Tricky, qui, comme son titre l'indique, filme brut de décoffrage Tricky dans une courte transe free style ? Le clip d'In Da Club cristallise en effet toutes les jérémiades adressées au rap: vulgarité commerciale, bimbos lascives, Benz rutilantes. Grand Black tatoué et cabossé (mâchoire défoncée par une balle qui lui déforme délicieusement sa manière de dire «It's your birthday»), 50 Cent est mis en scène dans un bunker cybernétique. Version remasterisée de l'homme qui valait 3 milliards, 50 Cent après dévaluation. Des médecins en blouse blanche triturent ce corps bionique. Dans cet univers hyperréaliste à la James Bond, Matrix et MTV réunis, nous assistons à la naissance d'une créature fabuleuse. Fabrication in vitro d'une hit atomique. Derrière les vitres de la chambre stérile, les vrais «patrons» de ce service très spécial se découvrent : Eminem et Dr Dre. Producteurs de 50 Cent dans la vraie vie, ils mettent en scène leur propre statut dans le clip, mettent en abyme ce processus de fabric
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