Vienne (Autriche) de notre correspondant
Vienne, tout le monde connaît. Le château de Sissi (Schönbrunn), les fiacres, la cathédrale Saint-Etienne, les cafés, les pâtisseries... On a déjà fait tout ça. Il existe une façon beaucoup plus marrante de visiter «la capitale éternelle de l'Empire austro-hongrois» : en petit groupe, les bottes aux pieds, une torche à la main, et des images de cinéma plein les yeux. «Moi, j'ai vu le film au moins cinquante fois. Depuis dix ans, je rêve de venir à Vienne voir en vrai ces lieux que je connais par coeur. Ma femme me prend pour un fou. Mais j'ai fini par la convaincre de m'accompagner.» Eternuements bruyants de la femme, sensible à l'humidité. Le mari, Thomas Kelly, professeur de philosophie à l'université de Cork, respire la bonne humeur irlandaise soignée au whisky. Ce n'est pas qu'il soit un grand féru de cinéma. Mais il y a un film qu'il adore plus que tout : The Third Man, du réalisateur britannique Carol Reed (palme d'or à Cannes en 1949), avec Orson Welles dans le rôle du méchant Harry Lime. Un film aux scènes inoubliables comme celle de la rencontre d'Orson Welles et de Joseph Cotten (le gentil Holly Martins) dans une cabine de la Grande Roue du Prater, à Vienne. Ou celle, bien sûr, où Welles, traqué par la police dans les canalisations souterraines de la ville, finit par se faire abattre par son vieux copain. Des scènes d'un noir et blanc contrasté, qui s'impriment avec force sur notre mémoire cinématographique. Thomas Kelly es