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Libération
Critique

Oran, un régal d'enfant

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publié le 10 octobre 2003 à 1h20

Les Festins de l'exil est un petit livre de cuisine maghrébine singulier que nous propose le poète algérien Malek Alloula. Tel un ethnologue des saveurs, cet écrivain, installé à Paris depuis 1967, se souvient dans les moindres détails de la vie culinaire familiale à Oran. Avant de proposer seize recettes ancrées dans le quotidien de l'Ouest algérien, Malek Alloula tient à préciser avec honnêteté qu'enfant, il n'a jamais été un gourmet. Pour lui, c'était même un cauchemar de voir ses tantes le prendre tendrement dans les bras et mimer, comme tant de mères maghrébines, une scène de dévoration.

Les éditions Françoise Truffaut proposent ainsi de mettre à table des écrivains. Avec sincérité, Malek Alloula nous invite dans la cuisine de sa mère oranaise, loin de la foison des livres de recettes surfaites de l'art culinaire andalou ou ottoman. Sans prétention, il offre peut-être le premier livre de cuisine arabo-berbère locale où les souvenirs de l'enfance l'emportent sur le faste des origines. Pour nous faire comprendre ses recettes populaires oranaises comme «serdina mechermla» (sardines à l'escabèche), «dolma hout» (ragoût aux boulettes de poisson), «seffa» (couscous au sucre), Malek Alloula nous raconte, d'entrée, un souvenir partagé avec Kateb Yacine. Il y a trente ans, après un dîner dans l'hôtel particulier d'une dame de la haute bourgeoisie parisienne, les deux écrivains n'ont guère eu de mal à se mettre d'accord sur cet axiome : rien ne vaut la «chorba loubia», la soupe au