Andrée Putman avait fait une entrée de rock star malicieuse au Cab, descendant les marches comme sur un air de Kurt Weill. Elle rappait du Boris Vian sur Metropolitain, le premier album d'Emmanuel S. qui venait de paraître, et en l'honneur duquel était donnée la soirée. On était arrivé trop tôt à la fête des 5 ans du Pulp et ils étaient encore en train de faire la mise en place sous des éclairages aveuglants. Alors on s'était couché, rêvant d'une conférence de Pierre Boulez où le maître croisé la nuit dans la Cité de la Musique expliquait qu'«il faut faire intervenir les éléments orientaux avec minutie», puis quelqu'un chantait subitement quelque chose à propos de «chances prises sur la route».
Le Reality Tour approchait. A Francfort, David Bowie avait ouvert par Jean Genie, au lieu de New Killer Star comme depuis le début de la tournée. «Ces quelques airs suffisent-ils à expliquer votre vocation ?», avait dit Pierre-André Wiltzer à Alfred Brendel dans les salons du ministère, avant d'ajouter : «En art comme dans d'autres domaines, les dons restent enveloppés de mystère.»
Cela n'étonnerait personne, Bénédicte Martin avait déjà fait l'amour toute seule. Jean-Paul Gaultier, Karl Lagerfeld et Linda Evangelista étaient arrivés parmi les premiers à la party en l'honneur d'Odile Gilbert chez Castel, et le DJ avait enchaîné No Fun des Stooges à She's Lost Control de Grace Jones, au moment où la jeune écrivaine avait avoué qu'«après, on se sent comme une merde». Yan Ceh, son chevalier