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Libération
Critique

Un aéronef s'est fait la belle

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publié le 29 septembre 2004 à 2h20

«Entrez entrez, mesdames et messieurs, dans l'ère de l'aéronautique», clame un bonimenteur de foire dans un joyeux tohu-bohu fin de siècle. Aussitôt, cinq potaches primesautiers prennent d'assaut la nacelle d'un aéronef et larguent les amarres, au nez de leurs aînés.

Cette randonnée pas ordinaire démarre en l'an 1891, dans l'euphorie du Salon des sciences et des techniques de Prague. Empruntant des engins sphériques ou ovoïdes, reporters patentés, espions patibulaires, voire voltigeurs casqués de l'aéronavale, pédalent ou pagayent dans les airs, aux trousses de nos gamins intrépides, bientôt perdus dans l'éther. Quand la baudruche censément gonflée d'un gaz ininflammable explose, les naufragés juvéniles barbotent aux abords d'une île mystérieuse qui leur réserve moult péripéties (dans les rets d'un repaire de pirates ou dans les parages du Nautilus avec le capitaine Nemo à bord). Tons souvent monochromes (ciel doré, nuées écarlates, fond sépia, acteurs réels évoluant dans des décors dessinés), c'est toute la magie de Méliès qui perdure dans ce Dirigeable volé du Tchèque Karel Zeman. Après l'Arche de monsieur Servadac et d'autres Aventures fantastiques, il adapta, toujours très librement, ces Deux Ans de vacances de Jules Verne.

Réalisée en 1966, cette fantaisie multitechnique au charme intemporel explore avec humour et ingénuité les fonds abyssaux, raille la révolution industrielle avec un brin de nostalgie... et moins de pesanteur que de récentes évocations informatisées de l