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Libération
Critique

Buck 65, sacré numéro

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publié le 29 juin 2005 à 2h47

Il est sympa, ce Buck 65. Dans sa biographie écrite par ses propres soins, le rappeur canadien jure qu'il n'a jamais voulu dire qu'il détestait le hip-hop, et que tous les rappeurs actuels étaient de sombres crétins. «J'ai plus de 15 000 albums de rap dans ma collection», se défend-il. Son rejet du hip-hop moderne, il l'explique comme une simple dispute avec sa copine : «Tu te laisses aller et tu dis de folles conneries que tu ne penses pas une seconde...» Malheureusement, les propos rapportés dans la presse spécialisée étaient carrément corsés : «Je te hais, je ne t'ai jamais aimé et tu es une amante pitoyable.» Bon, disons juste que la violence des raps de 50 Cent et consorts fait un poil flipper ce blanc-bec qui a grandi dans une ville minière en écoutant la musique des routiers, et qui est devenu DJ Jesus Murphy (son premier pseudonyme) grâce au conseil du copain de sa baby-sitter et à un club de roller-skate qui jouait du Sugar Hill Gang.

Dans son nouvel album, Secret House Against the World, sorti hier, Buck 65 réconcilie pourtant ses différentes amours : le blues, la country de Johnny Cash, et les scratches, le flow nerveux du rap. Blood of a Young Wolf est une jolie ballade entre banjo, guitare hawaiienne et guitare sèche, Drunk Without Drinking continue sur le même registre. Buck 65 met au point le hip-hop des trappeurs. Et puis, quitte à se faire traiter de blanc-bec, il signe un rock du même nom, avec une batterie aussi mal sonorisée que dans un festival garage. Qu