Kcho est un costaud. Physiquement et artistiquement. Avec son imposante corpulence, on l'imagine assez mal fuir Cuba (où il est né en 1970) comme les balseros sur leurs frêles esquifs.
D'ailleurs, il n'envisage guère de quitter La Havane, où il vit plutôt bien. Lorsqu'il quitte l'île, ponctuellement, c'est à l'occasion d'expositions sur la scène internationale au sein de laquelle il s'est rapidement fait (re)connaître au début des années 90 en participant à d'importantes manifestations (Ludwig Forum d'Aix-La-Chapelle en 1992, biennales de São Paulo en 1994 et de Kwangju en Corée-du-Sud en 1995, etc.). Et ce, dès le départ, avec des oeuvres puissantes et un travail qui justement évoque ces embarcations de fortune que les Cubains fabriquent et empruntent pour rejoindre au risque de leur vie les rives de Miami. Car les barques comme tout ce qui s'y rapporte, rames, pneus, chambres à air... que Kcho, dans une tradition très cubaine de récupération, ramasse usagées, abandonnées, sont indéniablement son image de marque, son support critique et son lieu de passage métaphorique. Des barques qu'il empile les unes sur les autres, qu'il enfile le long d'un mât, qu'il décline dans toutes les positions, qu'il dessine sous tous les angles. On en avait déjà vu au Jeu de paume en 1998, au C.C.C. de Tours en 1999, Kcho les fait cette fois débarquer pour la première fois en galerie parisienne. Avec, comme à son habitude, une subtile adaptation à l'espace qui lui permet ici de juxtaposer de