Les amateurs de musique baroque ont rendez-vous ce dimanche au Châtelet. Dès 11 heures du matin où, invité de Jeanine Roze, le violoncelliste Truls Mork donnera trois des six Suites pour violoncelle seul de Bach dont il vient de publier un enregistrement chez Virgin Classics. Le musicien norvégien dont on apprécie depuis dix ans la précision et l'engagement et qui a déposé quelques versions de référence du répertoire contemporain (des Suites de Britten extatiques et crépusculaires, le fameux concerto Tout un monde lointain d'Henri Dutilleux) a surpris une fois de plus avec cette lecture d'une poésie fantastiquement contenue, d'une limpidité chantante. On entend rarement un tel aboutissement conceptuel (rigueur rythmique, perfection des phrasés), servi de surcroît par des moyens techniques aussi exceptionnels (profondeur de l'intonation, richesse de la sonorité, vivacité de l'archet), se faire aussi discret, se tenir à cette surface dont Nietszche dit qu'elle est la politesse de la véritable profondeur.
Pour enchaîner, le Châtelet propose rien moins que deux imposants ouvrages lyriques de Haendel, tout droit venus de l'opéra d'Amsterdam, mais donnés à Paris en version de concert : Alcina et Tamerlano. Bien que privés de la mise en scène de Pierre Audi, fidèle à l'esthétique du théâtre racinien, ces deux chefs-d'oeuvre que donneront les Talens Lyriques sous la baguette de leur directeur Christophe Rousset seront servis par des vocalistes exceptionnels : de Marjana Mijanovic