Quand la plupart des artistes de rap français font dans l'hyperréalisme, le nez dans les moindres interstices de leur béton, cultivant les mêmes postures racailleuses ou moralisatrices, La Caution a toujours préféré les doubles lectures, les métaphores alambiquées et une attitude ultra-relax.
Les deux frères Hi-Tekk et Nikkfurie, originaires de Noisy-le-Sec, ont commencé à se faire un nom dans le sillage du groupe Assassin avant de voler de leurs propres ailes pour l'album Asphalte hurlante en 2001. Là déjà ils écrivaient, dans le titre Souvent : «Si la France était un poumon, nos tours en seraient les cancers / Si la France était un sumo, nos tours en seraient les Pampers.» En plus de leur écriture si particulière, le groupe s'est aussi fait remarquer pour l'originalité de sa musique, plus proche de l'electro et du funk que des rythmiques du rap américain, se rapprochant pour le coup de groupes comme TTC ou du collectif cinématographique Kourtrajmé. Leur deuxième album, sorti mi-octobre (soit deux CD, Arc-en-ciel pour daltoniens et Peines de Maures), ne déroge par à leur ligne. Il est à la fois riche et confus, plein de finesse et parfois lourdingue. Leur Dernier Train aurait pu être composé par Kraftwerk, et Faut-il, posé sur un accord de guitare, est une manière intelligente de parler des discriminations. Quand au Thé à la menthe, un chaâbi électrifié, on comprend pourquoi Steven Soderbergh l'avait choisi pour la BO d'Ocean Twelve. Sur scène aussi ils ont excellente réputa