Alors que New York s'est réveillé à l'aube des années 2000 au son d'un revival rock bien senti, la scène canadienne vibre, elle, depuis dix ans, d'une effervescence musicale tout aussi décomplexée. A l'extrême limite est du pays, Montréal avec Godspeed You !, Black Emperor et toute une armada de groupes affiliés (A Silver Mt Zion, Do Make Say Think), ainsi que, plus récemment, The Arcade Fire est devenu une ville surexcitante. A quelques centaines de kilomètres de là, l'anglophone Toronto semble, lui aussi, pris d'une agitation frénétique. Dans le sillage de la nébuleuse Broken Social Scene, une poignée de labels (Paper Bag Records, Arts & Crafts...), le studio Star & Son, les salles de concerts (tels le très prisé Phoenix Concert Theatre et le Ted's Breaking Yard), et des artistes comme Feist, Jason Collett, Valley of the Giants ou Metric ont fait de la métropole un vivier arty aujourd'hui incontournable.
Navire amiral de la flotte, le collectif Broken Social Scene a vu le jour en 1999 autour de Kevin Drew et Brendan Canning, deux vieux amis oeuvrant au sein de formations rock locales (KC Accidental, Len et By Divine Right). Le duo amorce une série de concerts-fleuves dans les bars de la ville, performances marquées par le goût de l'improvisation et la déclinaison d'un space-rock lunaire et lyrique. Feel Good Lost, le premier album, sort en 2001. Y collaborent Feist, le batteur Justin Peroff et le tromboniste Evan Cranley, très vite rejoints par le guitariste Andrew Whit