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Libération
Critique

Tetê, un oiseau rare

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publié le 21 décembre 2005 à 5h03

Au Brésil, depuis son disque de 1982, Pássaros na Garganta, on dit d'elle, en reprenant le titre de ce troisième album donné par le poète Augusto de Campos à l'écoute de sa voix, qu'elle a des oiseaux dans la gorge. Une distinction métaphorique pas volée car, avec pas moins de 128 sons explorés pour la réalisation ­ avec le compositeur français Philippe Kadosh ­ du tellurique et sophistiqué VoxVoixVoice (Empreinte digitale/Nocturne), Tetê Espíndola confirme qu'elle a plus d'une corde à son arc vocal d'exception. D'une haute définition «contralto-sopranissimo», son timbre pur modelé par le chant des oiseaux d'Amazonie et du Pantanal, sa région d'origine à la nature tropicale exubérante, aux confins du Paraguay et de la Bolivie, embrasse un univers unique qui va du contemporain avant-gardiste à un format plus chanson, entre pop et bossa, au parti pris écolo avant l'heure.

Plus de vingt-cinq ans de carrière, près d'une quinzaine d'albums et des participations à d'autres dont le Santagustin de Tom Zé en 2002 composé pour la compagnie chorégraphique Grupo Corpo, Terezinha Maria Miranda Espíndola, joueuse de craviola (guitare aux tonalités métalliques), issue d'une dynastie de musiciens comme les familles Veloso ou Assad, accède à la reconnaissance nationale en 1985 en décrochant le premier prix du fameux festival Rede Globo pour la chanson Escrito nas Estrelas. Forcément planant, parfois baroque dans cette forêt vierge transposée, le chant diphonique évoque le cobra, et les syllab