«Le cinéma d'ici devrait se débarrasser des carcans de la fabulation pour pénétrer profondément au coeur de la vie quotidienne.» C'est avec ce slogan en bannière que l'équipe d'Omar Amiralay débarque, en 1971, dans le petit village syrien de Muwaleh. Pendant plusieurs mois, ils vont tenter, en partant de ce microcosme, de saisir le quotidien des paysans de ce village de culture tribale «en voie de transformation socialiste». Et le film (la Vie quotidienne, sorti en 1976) en rend fidèlement compte. La «pénétration» est difficile. Dans un premier temps, les villageois se méfient. Les images du village pris dans le sable se succèdent éblouissant noir et blanc qui semblent volées. Avant que les paysans ne retournent la situation et prennent le pouvoir sur le film et la caméra à témoin : «Les anciens puissants détiennent toujours le pouvoir... Ils n'ont pas peur de l'Etat.»
La Vie quotidienne, cet essai à la fois politique et filmique, est le premier long métrage du cinéaste syrien exilé en France. Un beau cinéma réfléchi, réfléchissant sur lui-même (à la façon d'un Chris Marker) qui se déclinera entre les Poules (1977) et Déluge au pays du Baas (2003). Ce dernier film est un retour critique sur son premier court métrage, réalisé en 1970, éloge de la construction du barrage sur l'Euphrate.
C'est à la redécouverte de l'ensemble de ce travail (dont plus d'une vingtaine de documentaires pour la télévision française) que nous convie le Cinéma du réel dans le cadre d'une rétrospecti