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Libération
Critique

Hardi Potter

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publié le 29 mars 2006 à 20h45

Rien ne manque dans Underground, onzième production du saxophoniste américain Chris Potter dont la réputation n'est plus à faire. Ni les fulgurances libertaires ni les nappes méditatives, encore moins l'extrême connivence entre des protagonistes rompus à l'échange depuis leur tournée européenne de l'année dernière. Une entente cordiale qui est la cause de cet enregistrement où la force de cohésion et les prises d'espaces sont emplies par des solistes ultraréactifs. Dès l'intro, Next Best Western, le ton funky est donné. Les habiles lignes de guitare de Wayne Krantz s'insèrent en parfaite adéquation avec le phrasé fluide du Chicagoan, appuyés tous deux par le poids rythmique de la main gauche de Craig Taborn au Fender Rhodes et de la frappe de Nate Smith.

Autre exemple probant, Nudnik, qui en dehors de tranches écrites laisse libre cours aux expressions individuelles débridées. Big Top, qui procède du même développement, The Wheel, décliné sur un motif identique, ainsi que le morceau-titre Underground n'échappent pas à cette règle improvisatrice. Le quartet donne aussi son avis sur les autres, à travers une relecture personnelle de Morning Bell de Radiohead, un Lotus Blossom de Billy Strayhorn, ou une sensible digression harmonique autour du Yesterday des Beatles.

La trentaine fraîchement franchie, la maturité de cet anchiste post-bop élevé à Columbia (Caroline-du-Sud) ne faisait déjà plus guère de doute à l'écoute de son précédent album, Lift, enregistré au Village Vanguard en