Rit (du surnom Riton «qui était trop long») a réservé une de ses bonnes surprises à la rentrée 2005. Tout plein de torpeurs tièdes, son album couleur carton Sans tambour ni trompette déploie patiemment une sorte d'anti-«reggae aïoli» suave. L'accent «chantant» de garrigue s'efface, comme le reste. La voix est intimiste, l'ambiance est au fredonnement folk de bivouac Jack Johnson, l'inspiration contemplative et l'orchestration réduite au plus «épuré, presque guitare-chant».
Le chanteur, établi de frais à Aix-en-Provence avec sa compagne maîtresse et muse, cite d'ailleurs en maître ancien ragga-blues le bon Brassens disant : «Quand je joue de la guitare, il n'y a pas un orchestre qui sort du placard.» Se revendique de Bob Marley, et reprend Antoine, notre protest singer centralien star 1965, via son hymne Pourquoi ces canons actualisé berceuse.
Hors citation inspirée, le répertoire maison déploie les fastes mineurs telluriques de la Colline, Bonsoir aux étoiles, Fleur des champs, les Pieds nus, la Goutte d'eau, voire les cool Flots.
Entre l'ode au chichon Je latte et l'effusion de nostalgie à l'ami disparu la Vie était belle, une pointe d'inquiétude métaphysique : Où va ce monde seule plage où l'on sente un peu d'orage rock gronder à l'horizon, sur l'air lourd de «Entends-tu l'hécatombe...»
Loin du diapason feutré des comptines Sans tambour ni trompette ainsi résumable, en trois formules de la plume même de Rit : «Le son d'une pièce, avec le bruit extérieur en fond, j'aime ça.»