Commencé le 30 mai, pour trente représentations, Rosa, la vie aura joué les prolongations de saison, puisque le spectacle est encore visible jusqu'à ce week-end. Moins elliptique, le sous-titre dit tout : «Anouk Grinberg lit des lettres de Rosa Luxembourg.» De fait, en une heure quinze de temps, sur le plateau presque nu du théâtre de l'Atelier (une table, une chaise, une carafe d'eau et un petit bouquet de fleurs), l'ex-égérie de Bertrand Blier s'emploie à faire revivre par les mots la trajectoire à la fois passionnée, fulgurante et tragique de cette figure historique de la gauche révolutionnaire, symbole du militantisme politique européen, assassinée en janvier 1919. «Rosa, triplement marginale en Allemagne, car femme, juive et polonaise, était une combattante... Elle consacra sa vie à l'avènement de la liberté», énonce en introduction la comédienne qui, d'emblée, ne marque aucune distance dans sa façon d'étreindre le mythe. La suite, exclusivement constituée de lettres écrites à des proches par Rosa Luxembourg durant des incarcérations vers la fin de sa vie, s'emploie à développer une image très sensible de la pasionaria. Si la notion d'engagement transparaît toujours, Rosa Luxembourg, «mise en congés d'histoire mondiale», y parle moins des congrès du parti que de son amour pour la nature. La faune et la flore lui fournissent la matière plus ou moins métaphorique à une opposition constante entre les modestes et les nantis. Plutôt «pissenlit»
Critique
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par Gilles Renault
publié le 13 juillet 2006 à 21h57
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