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Libération
Critique

Byron. Vers et mythe

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publié le 30 septembre 2006 à 23h29

La réputation de Byron, rock star de la poésie romantique, est aussi grande que le nombre de ses lecteurs est mince. La nouvelle traduction de son Don Juan est donc bienvenue. La version byronienne du mythe le plus rebrodé de l'imaginaire européen est inachevée, quoique l'auteur y ait consacré toutes ses dernières années. Ce qui en reste est tout de même massif : près de 700 pages présentant trois huitains chacune, soit plus de 16 000 vers !

Le portrait que Byron présente du séducteur sévillan est assez éloigné de ses incarnations moliéresque ou mozartienne. A travers ses nombreuses aventures, notamment au coeur du harem du khalife ou dans le lit de la grande Catherine, ce beau jeune homme bien né garde une fraîcheur de sentiment assez désarmante, nouveau Candide couvert de femmes et d'or. Au demeurant, le personnage peine parfois à retenir l'attention. C'est qu'il a affaire à un redoutable concurrent, qui est au fond le vrai héros du livre : George Gordon Byron lui-même, qui n'hésite pas à s'installer à l'avant-scène pour nous entretenir de tout ce qui lui passe par la tête, en particulier ses ruades contre la bonne société anglaise et sa mélancolie de vieillir. Cette épopée burlesque est aussi la confession, ironique et élégiaque, d'un (vieil) enfant du siècle.

Bien entendu, on n'écrit pas aussi vite autant de vers à la manière d'un sonnet parnassien. Mais la désinvolture avec laquelle Byron traite la prosodie fait partie de sa guerre aux conventions. Les traducteurs,