Nous y sommes depuis longtemps. Où ça ? Dans l'ère de l'«écoute-marchandise» que prédisait Adorno. Rien de grave. Serge Gainsbourg en tête, moult compositeurs ont souscrit à cette universelle «loi du jingle». Nous y sommes encore un peu plus, un peu mieux, dans cette ère de l'écoute atomisée, depuis le 6 octobre. Un spot de 40 secondes pour la chaîne Novotel tourne sur nos télés. Il est illustré par les arrangements à l'azote liquide et la voix immédiatement reconnaissable d'Emilie Simon. L'auteure reconnue de la B.O. de la Marche de l'empereur n'a pas vendu un titre existant à Young & Rubicam, l'agence de pub. Elle l'a composé spécialement. Inédit pour l'instant, The Moonlight accompagne les déambulations lounge et inattendues de cerfs shootés, phoques alanguis, ours dépressifs et autres animaux du monde numérique dans une chambre d'hôtel luxueuse. L'ambiance et le slogan du film («designed for natural living») rappellent les petits films world massage & ethno relaxation projetés dans les avions. Où une maîtresse yogique, sans âge ni origine géographique, enseigne en général les gestes de survie en classe éco depuis un monastère thaï ou mexicain (genre «comment éviter l'amputation des genoux après huit heures de vol»). Ici, l'intelligent muzak d'Emilie Simon masse les cervicales stressées d'un nouveau type de «voyageur d'affaires». Le «city breaker», dit le dossier de presse. Il est né des offres low
Ritournelle vers le futur
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par Emmanuel PONCET
publié le 21 octobre 2006 à 23h46
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