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Critique

Shri

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publié le 3 février 2007 à 5h49

C'est un album heureux que réalise cette ex-moitié du duo Badmarsh and Shri, animateur important de la scène «Asian vibes» londonienne, qui a connu son heure de gloire à la fin des années 90. Il faut dire que ce mouvement musical n'était pas véritablement structuré et qu'il fut par ailleurs souvent confondu avec la «bhangra music», mélange de disco et de rock indien. Anodine et rébarbative, l'Asian vibes fut en général considérée comme un phénomène sociologico-médiatique, même si des musiciens comme Talvin Singh, Nitin Sawhney, Badmarsh and Shri, voire Asian Dub Fondation, faisaient preuve d'un talent très personnel. Avec son nouveau disque, Shri parvient à métamorphoser le répertoire indien sans le travestir, grâce à des trouvailles électroniques et à un judicieux sens du rythme. Originaire de Bombay, Shri a été initié très jeune aux tablas. Il leur fait livrer aujourd'hui des boucles adroites et prenantes. La musique traditionnelle indienne, qu'il s'agisse de patrimoine populaire ou de raggas savants, devient d'une modernité insensée, une harmonie futuriste de sons tirés d'instruments acoustiques, électriques et de machines électroniques. Shri retrouve ici d'anciens compères, comme les vocalistes Kathryn Williams, Rags, à la voix si singulière, ou Hema Jani, qui chante Watching, un des meilleurs morceaux de l'album. Nous sommes heureusement loin avec ce disque qui sait aussi garder la saveur des anciennes musiques d'Inde, du disco-Bollywood qui semble ravir quelque