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Libération

Sex Clavier

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publié le 10 mars 2007 à 6h33

A force de célébrer les guitares électriques comme ultime accessoire de mode (Les Plasticines dans Citizen K), on a presque fini par jeter aux oubliettes les claviers, les synthés, aussi puissamment constitutifs de la pop culture que les Stratocaster. On doit le plus doux et vibrant hommage récent à ces oubliés de l'histoire à trois jeunes New-Yorkaises, réunies au sein d'Au Revoir Simone. Pastichant une esthétique Virgin Suicides assez érogène, surjouant les jeunes filles en fleur, aussi éthérées qu'hétéro (en apparence au moins), elles ne célèbrent pourtant qu'un seul instrument : le clavier. Roland de préférence. La marque fétiche du genre dont les modèles 303, 909 et autre PS-10 sont à la généalogie électro ce que 1515 est à l'histoire de France. Les «Simone» extraient de ces machines à vapeurs des vignettes pop très maîtrisées (Libération du 24 février). Sur scène ­ à Paris, à la Maroquinerie, le mois dernier ­, elles jouent de front avec leurs trois synthés, formant un étrange gynécée kraftwerkien. Dans la salle, David Lynch ­ fan du groupe ­ et un public élevé au Bontempi sirotent cette relecture vintage avec émotion. Mais le plus mystérieux reste la ferveur mystique et érotique que les claviers semblent provoquer chez ces beautés aussi classiques qu'un après-midi de shopping chez Barney's. Selon la philosophe Beatriz Preciado, «en avoir une grosse» était l'une des problématiques soulevées par le revival des guitares chez les filles. Mais q