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Libération

Le fantôme du berger resurgit à Castellar. Huit ans après le meurtre, une juge pugnace relance une instruction bâclée.

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publié le 29 septembre 1999 à 0h54

Castellar, envoyé spécial.

D'ici, dix minutes suffisent pour rejoindre Menton (Alpes-Maritimes) en voiture. Mais, sur son piton, dominant la mer et les terres dans un décor de rêve, Castellar en est à des années-lumière. Ce village montagnard de 600 habitants, lieu de résidences secondaires et base de repli des travailleurs de la ville, respire la tranquillité. Enfin, respirait. Car «l'affaire du berger» resurgit des cartons, et Castellar se fige. Le cauchemar reprend. On va de nouveau parler de vendetta dans les alpages, et le village paraîtra d'un autre âge" Costaud et cerveau. A Castellar, huit ans après les faits, seule reste une trace. Un «monument» fait de quelques pierres et de tournesols en plastique, sur le chemin Saint-Bernard. C'est par là que, le 17 août 1991, à l'aube, Pierre Leschiera, 33 ans, monte en moto vers ses brebis, sans sa compagne et sa fille de 6 ans, encore endormies. A cette heure, ce ne sont pas ses mille bêtes qui donnent du souci à Pierre. Trois jours plus tôt, il a déposé plainte pour menaces de mort contre la famille Verrando. Trois frères, «trois fusils», maçons et chasseurs à Castellar, avec lesquels il s'accroche régulièrement.

Les Verrando n'aiment guère ce grand gaillard de Pierre Leschiera, un costaud avec des biscotos et un cerveau, venu s'installer, dix ans plus tôt, au village de sa famille maternelle. Ils n'aiment pas sa grande gueule, le fait qu'il leur tiennent tête, qu'il parle bien et est fait des études. Au fil des ans, les fricti