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Libération

L'emmerdeur au sens propre. Marcel, 63 ans, harcèle ses voisins à coups de sacs remplis d'excréments.

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publié le 28 octobre 1999 à 1h23

C'est l'histoire d'un homme qui veut faire craquer ses voisins. Il

leur balance des sacs remplis de ses propres excréments. Anodins petits modèles de supermarché en plastique blanc quotidiennement guettés par les proches. Georges les entend tomber sur sa terrasse. Sylvia les voit s'envoler à travers les barreaux de la fenêtre. Franck les compte. Il coche sur le calendrier des pompiers les heures et la date des envois. Dans cette petite rue proprette et bordée d'arbres à Saint-Germain-en-Laye, cela dure depuis trois ans.

Un moment, Georges a frôlé la dépression. Avant de s'endormir, il attendait d'entendre les sacs tomber. Franck restait à l'affût devant sa fenêtre. Sylvia faisait une «revue» détaillée du jardin chaque matin. Martine, elle, a carrément disjoncté. Les sacs tombaient sur son toit. Dans sa gouttière. Devant sa porte. C'était la plus touchée. Alors elle s'est mise à les renvoyer par-dessus son grillage. Devant la porte de Franck. Aujourd'hui, ces deux-là se détestent.

Jeteur de sorts. Le jeteur de sacs, c'est Marcel, 63 ans. Il vit avec sa mère infirme, 83 ans, dans un deux pièces de 30 mètres carrés, depuis trente ans. Au début, il glisse des revues pornographiques dans les boîtes aux lettres. Viennent ensuite les mégots, les capotes, les oeufs, les prospectus. On peut aussi voir des traces de marc de café couler le long du mur. Jeteur de sacs, jeteur de sorts.

Marcel passe des coups de fil anonymes, depuis la cabine téléphonique. Il imite le cri du corbeau. Util