Saint-Michel (Aisne), envoyée spéciale.
C'était l'année dernière, un matin de mai, le 29, il était tôt. 7 heures moins dix. Elle l'avait averti qu'elle viendrait à la mairie pour boucler un dossier. Lorsqu'elle est arrivée, le maire, un homme matinal, était déjà là. «J'étais dans le couloir; lui, il était assis à son bureau. Quand il m'a vue, il s'est levé. Il avait la braguette bien ouverte.» La jeune employée de mairie en a eu le souffle coupé. Elle n'a rien dit. Mais après, jure-t-elle: «J'ai fait tout ce que j'ai pu pour ne plus jamais me retrouver seule avec lui.»
«Belle pose». Pour la femme de ménage, ça a été le 27 avril. «J'étais dans son bureau et je l'ai vu, contre l'armoire, une belle pose, tout était sorti. J'ai perdu le fil de la conversation. Quand il a vu que j'avais vu, il a ri et a refermé.» Selon elle, le maire a recommencé plusieurs fois, dans les escaliers, dans le couloir, au guichet du rez-de-chaussée: «Il choisissait les moments où j'étais seule. Alors, quand il était en haut, j'allais en bas; quand il était dans un bureau, j'allais dans un autre.»
D'après les déclarations d'une troisième employée, les manières du maire avaient commencé un an auparavant. «Quand je lui disais bonjour, il prenait ma main et la portait vers son sexe, il faisait vite, de façon machinale, comme si de rien n'était.» Du coup, elle aussi se méfiait. Saluer de loin. Ne jamais rester seule. Tirer tous les tiroirs de sa table de travail pour faire obstacle quand il s'approchait.