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Libération

Le jeûne d'une mère pour son enfant «qui n'était qu'un cri».

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Pendant 33 jours, Annie Beaufils a fait la grève de la faim pour que son fils de 15 ans, autiste, puisse vivre autrement qu'en hôpital psychiatrique. Elle a obtenu satisfaction.
publié le 29 juillet 2000 à 2h39

Mende envoyé spécial

Mardi 25 juillet à Mende (Lozère), Annie Beaufils, 40 ans, a arrêté sa grève de la faim, après 33 jours de jeûne pour obtenir une «prise en charge décente» de Geoffrey, 15 ans, son fils autiste (1). C'est un petit bout de femme assise sur son lit d'hôpital qui sourit en répétant doucement: «Mon Dieu que j'ai faim dans ma tête», parce que son estomac est devenu trop petit pour lui procurer des sensations. A l'heure où l'on sert le repas de midi, elle enduit de pommade ses veines qui ne supportent plus les perfusions additionnées de sel et de glucose. C'est «promis», «juré», lance Annie, elle n'entamera plus jamais une nouvelle grève de la faim.

Il y a deux ans, Annie a retiré Geoffrey de l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole, au nord du département. Elle lui a juré qu'il ne retournerait plus dans les murs du service de pédopsychiatrie où il avait déjà séjourné onze années. C'est à cause de ce serment qu'elle a fait la grève de la faim. Pour offrir une autre existence que l'hôpital «à son fils qui ne triche pas, qui est toute la sincérité». La force de sa promesse se lit dans ce regard doux mais assuré qui apaise le visage amaigri.

Mots d'experts. Dès la naissance difficile de Geoffrey, Annie Beaufils savait qu'il souffrirait de lésions irréversibles. «Petit, ce n'était qu'un cri», se souvient-elle; «Je ne savais pas comment l'aider, j'étais complètement démunie.» La mère ignorait tout de l'autisme avant que les médecins n'en diagnostiquent les