Moussy-le-Neuf (Seine-et-Marne) envoyé spécial
Il y a deux chiens, neuf chats et des oiseaux ; ce pourrait être la maison d'un père tranquille. Avec ses bibelots et les photographies des «sept petits enfants». Mais dans ce pavillon de Moussy-le-Neuf (Seine-et-Marne), il y a une vie qui peine et une autre qui souffre. Mercredi dernier, au 14e jour de sa grève de la faim, Alain Colland, 53 ans, a prévu de raconter son histoire «jusqu'à 11 heures». Parce qu'après, «il doit faire manger sa femme». Nicole est à l'étage, elle ne descendra pas l'escalier. Depuis trente ans, l'arthrite la ronge, jusqu'à la rendre aujourd'hui immobile. Alain Colland, lui, redit sa vie cabossée par cette maladie et aussi par une situation intenable qui le pousse à jeûner: 1,5 million de dettes à rembourser. Tout cela parce qu'un jour il a affirmé avoir été rabattu comme un «pigeon idéal».
Sur la table du salon, un album photos. Quelques pages d'images qu'il tourne en silence. D'abord, il y a eu les Orphelins apprentis d'Auteuil, une institution où il apprit le métier de menuisier. Puis le service militaire dans les fusiliers-marins. Là, c'est lui en uniforme, à Fréjus. Sur l'autre page, il est marié avec Nicole. Puis les enfants, quatre, devant l'église de Moussy. L'arthrite de sa femme se déclare en 1971 lors de sa dernière grossesse. Opérations des os. Des cannes pour marcher. Au fil des photographies, la vie se recroqueville, la femme ne sourit plus guère.
Liquidation judiciaire. Alain Colland, lui, a