«On a été fauchés comme les blés. Les économies de toute une vie de travail envolées. Moi, si méfiante d'habitude, j'ai honte!» L'escroquerie qui a dépouillé Gérard et Maria D., couple de fonctionnaires, elle gardienne, lui mécanicien, a pris fin en juin avec deux interpellations. Depuis, à Nice, quelques hauts fonctionnaires, élus, magistrats, officiers de gendarmerie et truands attendent fébrilement leur convocation chez le juge.
Ce 6 juin, quand Patricia Giordanengo arrive à la brasserie de Magnan, elle prend l'enveloppe que lui tend Gérard D. Elle ne sait pas que les billets qu'elle contient ont été photocopiés et que la plupart des consommateurs sont des enquêteurs de la PJ. Au même moment, dans les champs de blettes et de batavias de la plaine du Var, d'autres policiers investissent une extravagante ferme-musée à balustres, décorée de pompes à essence et de matériel agricole d'avant-guerre, d'une plaque de l'ambassade du Chili et d'une statue de la Vierge. C'est la demeure de Marcel Giordanengo, mari de Patricia, beaucoup plus connu dans la région sous le sobriquet de Marcel la Salade.
Chèques en blanc. «Quand je suis arrivé en poste à Nice, le premier nom qu'on m'a cité comme étant l'intermédiaire obligé entre les décisionnaires de toutes sortes de la région, c'est celui de Marcel la Salade», se souvient Eric de Montgolfier. Quelques mois après son arrivée, les déclarations du procureur de la République sur les «réseaux d'influence maçons» déclenchent une tempête qui dé