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Libération

Le «titi-tata» qui mit fin à la guerre.

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Alexis Tendil, télégraphiste en 1918, avait intercepté un message allemand capital.
publié le 24 août 2001 à 0h28

Saint-Genest-de-Beauzon envoyé spécial

Ce sont les mains d'un homme de 105 ans. On les dirait enveloppées dans du papier de soie. Sous la peau diaphane, les doigts s'animent pour effleurer une émotion. Du bout des ongles, fins et soignés, Alexis Tendil mime les trois siècles qu'il a connus.

Depuis 1918, silencieusement, il garde en lui ce qui lui a valu, quatre-vingt-trois ans plus tard, une fête dans sa solitude ardéchoise. Cette année-là, au mois d'octobre, le sapeur télégraphiste a intercepté un message allemand en morse. Un message précieux côté français pour l'anticipation de la fin de la Première Guerre mondiale. Le 13 juillet 2001, la République a donc dépêché son secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants pour décorer l'un de ses deux cents derniers poilus. Un général est venu remettre l'insigne d'argent de la «guerre électronique» à ce petit homme frêle dans son costume croisé. En décorant sur le tard le «doyen des transmetteurs de l'armée de terre», les militaires ont mis en lumière un formidable passeur de siècles.

Garrigue. Alexis Tendil évoque sa vie. En dépit de la chaleur qui écrase sa maison au milieu de la garrigue, il a noué la cravate sous le pull-over. S'est attablé dans la salle à manger, entouré de quelques coupures de presse, de diplômes militaires et d'un portrait de général. Le voilà conteur, parfois égaré au milieu de sa propre existence.

Alexis Tendil est né en 1896 au Teil, un bourg ardéchois des bords du Rhône. Cette année-là, le marquis italien Gugli