Un petit pas, mais un pas quand même
«Etrange argumentation que celle qui appelle à refuser le projet de Constitution sous le prétexte qu'il faudrait plus d'Europe. N'étant pas de ceux qui pensent que la démocratie et les droits de l'homme et des individus sont des principes «formels», de simples décors idéologiques masquant la réalité de l'exploitation, je me réjouis de les voir inscrits en tête d'une Constitution. Le fait qu'ils soient déjà présents dans la plupart des Constitutions nationales n'invalide pas ces déclarations, surtout pour les pays qui sortent du totalitarisme et pour d'éventuels candidats à l'Union qui devront logiquement donner de sérieux gages en la matière.
D'ailleurs, une grande partie des opposants à l'Europe ne s'y trompent pas : fondamentalistes religieux hostiles aux femmes et aux minorités sexuelles, droites identitaires hostiles aux «droits-de-l'hommisme» et aux étrangers, extrême gauche n'ayant jamais abandonné les dogmes de la dictature du prolétariat, hyperlibéraux hostiles aux syndicats et aux codes du travail... Il faut se sentir bien protégé par de solides traditions démocratiques pour traiter de tels principes avec dédain, car les bonnes intentions inscrites dans une Constitution engagent plus qu'on ne le croit, même quand on en bénéficie abondamment. Sur le plan des droits et de la démocratie, il est bon qu'une Constitution soit libérale. Dans le monde tel qu'il est, l'Europe doit affirmer cette identité-là, elle est ce que nous avons de me