Le cadre supérieur confortablement installé dans sa résidence verra-t-il un jour un couple d'employés modestes emménager sur le même palier que lui ? Un propriétaire porte droite, un logement social porte gauche... Voilà le genre de cohabitation inédite qui pourrait voir le jour si était appliquée une proposition avancée par l'association A gauche en Europe, la boîte à idées de Dominique Strauss-Kahn. Une perspective généreuse, servie par un mécanisme qui a le mérite de la créativité. Le but : mettre un coup d'arrêt à l'accélération des ségrégations spatiales. Le moyen : transformer en logements sociaux des appartements de copropriétés déjà existantes. Même les plus chic.
Depuis la publication de l'ouvrage d'Eric Maurin le Nouveau Ghetto français (lire ci-contre), la question de la mixité sociale s'est invitée dans l'agenda des têtes chercheuses du Parti socialiste. Lutter contre la gentryfication des centres-ville, redresser les inégalités de destin liées au quartier où l'on passe son enfance : ces nouvelles exigences nécessitent des réponses précises. Plusieurs domaines sont concernés. Par exemple, en matière d'éducation, un débat est en cours autour d'une concentration massive des aides sur quelques établissements au lieu de l'actuel saupoudrage des ZEP (zones d'éducation prioritaires). Olivier Ferrand, ancien conseiller technique de Lionel Jospin et délégué général de A gauche en Europe, a choisi d'attaquer le problème en se demandant comment faire pour que des pauvres pu