Fichues 35 heures. Instaurée en 2002 en France, la réduction du temps de travail a-t-elle compromis pour longtemps l'avènement d'une nouvelle société, fondée non plus sur le travail et la productivité des salariés mais sur l'emploi et l'utilité sociale des citoyens ? C'est ce que croient les promoteurs du revenu d'existence (RE). Yoland Bresson est de ceux-là. Cet économiste français défend depuis près de vingt ans ce concept dont les Verts, une partie du PS (notamment le courant Utopia) et du PCF ainsi que quelques individualités à droite considèrent être comme l'avenir de l'homme. C'est en travaillant sur les conséquences économiques liées au développement du Concorde que Bresson a eu l'idée que «l'emploi salarié, c'est fini». «En utilisant le supersonique, les gens à fort potentiel économique cherchent à gagner du temps. Ils étaient prêts à payer pour avoir ce temps. Je me suis dit qu'il serait peut-être intéressant d'inverser cette logique folle. En permettant à chacun de gagner son temps. Mais pour cela encore faut-il être assuré de gagner une allocation minimale.»
Principes républicains. Au même moment, le philosophe et politologue belge Philippe Van Parijs (lire page 4), l'économiste anglais spécialiste de la sécurité sociale Keith Roberts et le sociologue allemand Klaus Offee échafaudent les mêmes principes. A l'initiative du premier, ils se réunissent à Louvain, en Belgique, pour mettre en commun leurs recherches et créer, en 1986, le Basic Income European Network, a