Ce sont des coopératives mondiales, animées par des dizaines de milliers de personnes qui travaillent en commun via l'Internet. Leurs noms? GNU/Linux, un système d'exploitation pour ordinateurs qui fait tourner des centaines de milliers de machines dans le monde. Ou Wikipédia, une encyclopédie ouverte et gratuite accessible via le Web en plusieurs dizaines de langues. Le point commun de ces deux projets, et des milliers de projets similaires apparus ces dernières années ? Le résultat est accessible à tous gratuitement, modifiable par tout un chacun, et n'appartient à personne ; ce sont des «biens communs» immatériels, issus d'un curieux chaudron numérique alimenté par des amateurs bénévoles, des professionnels, des entreprises. Yochai Benkler, professeur de droit à l'université de Yale aux Etats-Unis, distingue ces «biens communs produits en coopération» de la «structure de l'économie industrielle pilotée par l'Etat et le marché».
Thèmes brûlants. Cet étonnant phénomène n'a pas eu jusque-là besoin de programmes clefs en main ou de décisions d'Etat. Simplement de l'énergie militante de quelques figures charismatiques (comme le barbu post-hippie Richard Stallman, à l'origine des logiciels libres dans les années 80), alliées à une internationale anonyme des partageux toujours plus nombreux sur la planète. «L'arrivée d'Internet pour la création immatérielle en général fait qu'on peut créer à plusieurs de manière simple à l'extérieur de l'organisation, remarque l'économiste Nicola