Portée par une utopie moderne - la citoyenneté mondiale et face à l'impuissance des pays du Vieux Continent à fermer leurs frontières, l'idée d'un droit à l'aller-retour des migrants se fraie peu à peu un chemin. Trois des cinq motions présentées au congrès du Parti socialiste y font explicitement référence. «Depuis la chute de l'URSS, les migrations transfrontalières ont explosé, explique Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS. Avec près de deux cents millions de migrants par an, la planète est entrée dans l'ère de la mobilité de masse. Dans ce contexte, toute politique de fermeture des frontières est vouée à l'échec. C'est autour de l'idée de circulation qu'il faut désormais travailler.»
Petite révolution. En 1997, quand elle figure pour la première fois dans un rapport au Premier ministre, l'idée ébouriffe. Alors que le mot d'ordre d'«immigration zéro» structure encore la mémoire collective, son auteur, Patrick Weil, préconise une petite révolution : rompre avec une action gouvernementale exclusivement répressive et ne plus raisonner en stocks d'étrangers mais en flux. «Son raisonnement était fondé sur une analyse historique de l'immigration, se souvient un ancien membre du cabinet Jospin. Jusqu'en 1974, les mouvements migratoires relevaient de la noria : les étrangers venaient travailler en France puis retournaient au pays une fois leur bas de laine rempli. Quand la crise a tari les besoins en main-d'oeuvre étrangère, décision a été prise de fermer