On connaissait les inégalités de revenus, de statuts, de capital social. En publiant il y a un an son livre le Nouveau Ghetto français, l'économiste Eric Maurin a posé au coeur du débat français une nouvelle rupture d'égalité entre citoyens d'un même pays : le quartier de résidence. Certes, les quartiers riches ont toujours existé, les quartiers pauvres aussi. L'accélération de la concentration et la fragmentation de l'espace urbain en îlots de plus en plus étanches sont des phénomènes observés depuis quelques années. Mais Eric Maurin a montré qu'en plus de la dégradation des conditions de vie cette ségrégation se traduit par une véritable «inégalité de destin» des enfants de ceux qui y vivent. En se servant des aspects non exploités des enquêtes de l'Insee, il a pu analyser l'évolution scolaire des enfants qui emménagent dans un quartier. «Dès le départ, il y a une proximité dans les résultats. Mais, au bout de trois ans, l'alignement sur le niveau moyen du voisinage est spectaculaire.» Une autre enquête est en cours sur les écoles primaires à partir des évaluations réalisées dans tous les CE2. Selon les premiers résultats, «le niveau des élèves avec lesquels un enfant est en cours préparatoire infléchit considérablement son niveau en CE2». Autrement dit, dès les premières années de vie, l'environnement influe sur l'itinéraire scolaire d'un individu, et donc sur son destin. «Il y a encore pas mal de gens qui pensent que le contexte ne compte pas tant que cela», déplore Eric
L'inégalité prend ses quartiers dans le lieu de résidence.
Article réservé aux abonnés
par Eric Aeschimann
publié le 10 novembre 2005 à 4h30
Dans la même rubrique