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La gauche européenne cherche sa voix

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En panne ou en proie au doute, elle aspire à se refonder et à se doter de nouveaux moyens d'action. De collectifs en fondations, d'ateliers en colloques, les initiatives se multiplient et les contributions s'allongent, mais, déchirés entre libéralisme et radicalité, les partis hésitent sur la marche à suivre.
publié le 10 novembre 2005 à 4h29

à Berlin et à Rome

A Bruxelles, le joli square de la place Ambiorix somnole au pied des buildings du quartier Schuman, le siège des institutions de l'Union européenne. Au rez-de-chaussée d'une maison bourgeoise à l'ancienne ­ pièces en enfilade, bow-windows, jardin de ville ­ Philippe Van Parijs réfléchit à haute voix : «Si on compare la gauche européenne d'aujourd'hui et celle du XIXe siècle, on voit qu'on aurait besoin de quelqu'un qui, comme Marx à l'époque, fasse une synthèse historique et fixe un horizon, en faisant appel à toutes les sciences et en y ajoutant un souci éthique.» Puis, en souriant, il relève une coïncidence inattendue : «Marx, justement... En 1845, il est venu s'installer tout près d'ici. Il a habité au 3, rue de l'Alliance, avec sa femme. Engels était au 5, avec sa fiancée. C'est là qu'ils ont écrit l'Idéologie allemande.»

Ses cheveux mi-longs à part, Philippe Van Parijs, 54 ans, professeur à l'université catholique de Louvain-la-Neuve, près de Bruxelles, n'a rien d'un révolutionnaire. Père de quatre enfants dont la dernière vient de partir pour une ONG dans le sud de l'Inde, il pourrait résumer à lui tout seul la gauche européenne, ses affres, ses doutes, sa foi en l'homme. «L'objectif de la gauche ne doit pas être l'égalité des vies mais l'égalité des chances. Le capitalisme est une force motrice puissante qu'il faut harnacher pour que chacun monte dans le chariot et dispose des moyens réels de faire ce qu'il entend de sa vie», énonce-t-il doucement. Fo