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Libération

La méthode Blair prend des airs inégalitaires

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Malgré une troisième victoire électorale, la crise couve au New Labour.
publié le 10 novembre 2005 à 4h29

Londres de notre correspondante

«J'assiste aux conférences du Labour depuis plus de trente ans. Et je ne crois pas avoir assisté à plus étrange que celle-ci. Le parti est en crise d'identité.» Nick Raynsford, ancien membre du gouvernement, n'appartient pas aux rangs des «gauchos» du Old Labour. Mais, dans son bureau de Portcullis House, l'immeuble moderne qui abrite les députés, il fait le même constat que beaucoup à propos du dernier show travailliste, en septembre dernier, à Brighton. Malgré sa troisième victoire électorale, la crise couve en profondeur au New Labour avec une bonne moitié des adhérents disparus depuis 1997 et une Troisième Voie très essoufflée. Entre les députés travaillistes soumis à la dure loi d'un parti très autoritaire et l'extrême gauche marginale, il y a «une sorte de vide», résume Neal Lawson, président de Compass, un «groupe de pression de la gauche démocratique» qui rêve d'occuper cet espace.

«Esclaves du marché».

La Troisième Voie de Tony Blair et d'Anthony Giddens, l'ancien directeur de la London School of Economics, c'était, en hâtif résumé, un abandon résolu des racines marxistes, une reconnaissance des vertus du capitalisme et des lois du marché, une analyse des effets de la globalisation sur une social-démocratie contrainte de penser hors des frontières nationales et une analyse des conséquences de l'individualisation, clé d'une demande de protection moins étatique, moins autoritaire et plus diverse. C'était un plaidoyer pour un accompagnemen