Le nombrilisme, dernier avatar du socialisme à la française? Le risque est grand qu'à l'issue du congrès du PS de la mi-novembre les Français demeurent convaincus que le premier parti de la gauche n'est «tourné que vers lui-même», ses rivalités de boutique et ses querelles de prétendants à l'investiture présidentielle. Où est ce «projet mobilisateur et susceptible d'être mis en oeuvre» sans lequel la gauche ne peut espérer redevenir une force attractive ? Il y a quelques semaines, Lionel Jospin s'inquiétait de ne pas le voir et craignait pour 2007 («nous espérons l'alternance, mais rien n'est moins sûr»). Convenons qu'il n'est pas le seul et que la logique qui voudrait qu'après douze ans de chiraquisme à l'Elysée le socialisme s'y réinstalle n'a aujourd'hui rien d'évident.
Le grand vide idéologique règne face à une droite qui, avec Nicolas Sarkozy, tente d'annexer un «parler vrai» qu'elle travestit en «parler peuple» et monopolise le débat pour ravir à l'opposition son rôle d'alternative. Sécurité, immigration, travail, délocalisations, privatisations, réforme fiscale et de l'Etat, sur tous ces sujets, la majorité garde le rythme et oblige la gauche à jouer en défense. Elle prétend à la fois incarner la continuité et la rupture, selon une dialectique habile d'occupation du terrain. Son obsession présidentielle la pousse paradoxalement à davantage incarner ses ambitions de personne dans des idées quand, à l'inverse, à gauche, cela conduit à l'effacement de la réflexion pour ne