Malmö de notre correspondante
Le film est tourné dans un quartier résidentiel d'une grande ville suédoise : une bande de lycéens dévale les escaliers d'un beau bâtiment moderne, à la poursuite d'un ballon, vers un stade en bordure d'un lac artificiel. Une scène ordinaire de la vie quotidienne. Sauf que, sur la façade de l'immeuble, les fissures s'allongent ; que, sur la chaussée, crevée de nids-de-poule, les poubelles débordent. Quant au terrain de foot, il est envahi par les mauvaises herbes et bordé par un trou béant. «C'est à cela que servent tes impôts», assène le message final. Ce spot publicitaire, diffusé à la télévision et au cinéma, fait partie d'une campagne pour laquelle l'administration suédoise des impôts a déboursé l'équivalent de 3,5 millions d'euros en 2003. «Les jeunes devenaient de plus en plus tolérants à l'égard de l'évasion fiscale, explique l'analyste Anders Stridh. Il fallait les faire changer d'attitude avant qu'il ne soit trop tard.»
Malgré un taux de prélèvement obligatoire parmi les plus élevés au monde 50,6 % du PIB en 2004 contre 43,4 % en France , la fraude reste pourtant rare en Suède, selon Anders Stridh. Et ce, bien que la quasi-totalité des revenus des Suédois soit imposée, y compris les allocations sociales et les revenus annuels dépassant 1 800 euros. Certes, les Suédois rechignent. Mais, «dans plus de 90 % des cas, ils obtempèrent», assure Anders Stridh.
Les raisons de cette docilité ? «Les contribuables sont prêts à renoncer à la moitié